
Ce moment que personne ne prépare
Le sevrage, ce n’est pas la sobriété. Ce n’est pas non plus une victoire.
C’est un moment de bascule, souvent brutal, parfois dangereux. Un moment de corps en crise, de tête en feu, d’âme retournée. Un moment où tout explose.
Et trop souvent, on en parle comme d’une étape parmi d’autres.
On ne dit pas à quel point ça brûle.
À quel point le manque est une voix qui hurle à l’intérieur, obsédante, incessante, impossible à faire taire.
À quel point le corps s’agrippe à la mémoire de la substance, et que sans elle, tout devient instable, menaçant.
Le sevrage alcoolique
Le sevrage, ce n’est pas un soulagement. C’est un effondrement temporaire, mais total.
Et pourtant, il existe des lieux, des cadres, des mains tendues pour ne pas traverser ça seul·e.
Nicolas : le frein à main sur l’autoroute
Nicolas a 46 ans.
Pendant plus de 20 ans, il a consommé deux bouteilles de whisky par jour, du cannabis à haute dose, quelques antidépresseurs par-ci par-là.
Un jour, il a décidé d’arrêter net. Sans prévenir, sans encadrement, sans préparation. Il appelle ça son “frein à main sur l’autoroute”.
C’est une image juste — et dangereuse. Car le corps, à ce stade, est habitué à fonctionner sous influence constante. Tout retirer d’un coup, c’est prendre le risque d’un accident physique ou psychique.
Et pourtant, Nicolas aime à dire une chose :
“Personne n’est mort d’avoir arrêté de consommer. Beaucoup sont morts de ne pas l’avoir fait.”
Son corps a hurlé. Il a cru devenir fou. Mais il a tenu. Parce qu’à un moment donné, il a parlé. Il a demandé de l’aide.
Et ce simple geste…demander, a changé le cours de son histoire.
Le corps ne ment pas
Le corps en sevrage réagit comme un organisme privé d’air.
Insomnies, sueurs nocturnes, tremblements, nausées, douleurs musculaires, confusion mentale, agressivité soudaine, anxiété aiguë…
Ce n’est pas imaginaire. Ce n’est pas psychologique. C’est physiologique, neurologique, endocrinien.
Et sans soutien, ce moment peut devenir un enfer.
Car non seulement on souffre, mais on croit être seul·e au monde à souffrir comme ça.
Or, non. Ce que vous vivez a un nom. Il a été étudié, compris, pris en charge. Et il existe des lieux pour ça.
Cécile : « je n’aurais jamais réussi seule »
Cécile a 55 ans. Elle ne compte plus les années où elle boit.
Pas tous les jours. Pas comme on l’imagine. Mais par cycles. Des périodes de maîtrise, puis des débordements, puis le retour de la honte, puis le silence. Et à nouveau, le verre.
Elle a tenté d’arrêter plusieurs fois.
Mais c’est en entrant en clinique spécialisée pour le sevrage qu’elle a enfin pu poser les armes. Être contenue. Être regardée sans être jugée.
“Je n’aurais jamais réussi sans ça.”, dit-elle aujourd’hui.
C’est dans ce cadre médicalisé, humain, structuré, qu’elle a pu commencer une thérapie, poser des mots, et “être en pleine conscience, comme le dit si bien Nathalie”.
Le sevrage n’est pas un test de volonté. Ce n’est pas un examen à réussir.
C’est une traversée, qui demande du soin, de l’écoute, de la présence.
Il existe des lieux pour ne pas baisser les bras dès le début
Avant de penser à la sobriété, avant d’imaginer le rétablissement, il faut passer le cap. Le premier. Celui qui fait peur. Celui où on est le plus fragile.
Et ce cap-là, vous n’avez pas à le passer seul·e.
Des cliniques spécialisées existent. Des médecins, des infirmiers, des psychologues formés à ces crises.
Des mains posées là où tout tremble. Des regards qui ne jugent pas. Des structures où l’on peut enfin dormir, transpirer, pleurer sans avoir honte.
Et ensuite seulement, peut venir le temps d’un autre mot : sobriété.
Mais il sera venu en son temps. Pas comme une injonction. Comme une possibilité.
“Vous n’êtes pas en train d’échouer. Vous êtes en train de revenir.”
— (Voix du rétablissement)
Un simple appel peut tout changer
Vous n’avez pas à faire tout le chemin seul·e.
Je travaille depuis de longues années aux côtés de cliniques spécialisées dans le sevrage et le rétablissement, de psychologues, de soignants engagés, dans une approche pluridisciplinaire qui vous permet de traverser ce moment avec des repères solides.
Nous avançons ensemble, à votre rythme, dans le respect de votre histoire.
Et oui, il y aura très probablement un groupe de parole. Cela peut effrayer au début. Mais c’est souvent là que les choses commencent à bouger.
Parce que parler, s’entendre, écouter les autres, c’est déjà sortir de l’isolement du manque.
Parfois, tout commence par un simple appel.
Celui où l’on dit : “Je ne sais pas comment faire. Mais je veux que ça change.”
© Nathalie Billemont – 2025
Thérapeute TCC – Programme Se Retrouver
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