Docteur Jekyll & Monsieur Hyde : la double face de l’alcoolisme

Docteur Jekyll & Monsieur Hyde : la double face de l’alcoolismeDocteur Jekyll & Monsieur Hyde : la double face de l’alcoolisme Crédit image : Big Stock

Pourquoi cette métaphore ?

Le roman de Robert Louis Stevenson a donné au monde l’image inoubliable d’un homme scindé en deux entités radicales : le docteur, rationnel et socialement respecté, et l’ombre, sauvage et incontrôlable. Dans l’alcoolisme, on retrouve la même division. Au début, l’alcool paraît sous contrôle, un moyen habile de canaliser le stress, de se fondre dans un cercle, de gérer ses émotions. C’est la face Dr Jekyll, celle qui rassure l’entourage et préserve une apparence de normalité. Mais lentement, insidieusement, la part Hyde surgit : l’ivresse excessive, l’impulsivité, la violence silencieuse de la dépendance. Cette image permet de nommer la scission intérieure, tout en rappelant que ces deux facettes appartiennent à une seule et même personne.

La bascule : de la maîtrise à la perte de contrôle

Au départ, l’alcool est un compagnon discret : il détend l’esprit, ouvre la parole, colore les soirées. Jekyll croit dompter chaque dose. Il fixe ses limites — un verre, deux verres — et continue de fonctionner dans sa vie personnelle et professionnelle. Puis survient le premier faux pas : une promesse non tenue, un matin douloureux, un réveil plein de remords. Ce léger déséquilibre creuse un fossé, et Hyde commence à étendre son empire intérieur. Les verres se multiplient, les comportements changent, et l’on passe graduellement d’un rituel social à une nécessité compulsive, sans jamais comprendre quand on a franchi la ligne.

Le masque de la souffrance

Derrière le costume soigné de Jekyll se cache un homme blessé. Hyde hurle sa douleur à coups de tambours intérieurs : colère, honte, vide existentiel. Cette deuxième identité vient masquer l’angoisse, dissoudre la culpabilité et rendre invisible la détresse profonde. Les proches voient d’abord Dr Jekyll : la personne souriante, la professionnelle fiable. Puis, petit à petit, ils découvrent les traces de Hyde : les mensonges, les accès de violence verbale, la dégradation de la santé et des relations. L’alcoolisme devient un théâtre où l’on joue deux rôles, chacun ignorant la souffrance que l’autre induit.

“L’alcool révèle en nous deux visages : la maîtrise éphémère de Jekyll et la fureur déchaînée de Hyde.”
— Nathalie Billemont

Mettre fin à la dualité

La reconnaissance de cette scission est le point de départ du cheminement vers le rétablissement. Accepter que Jekyll et Hyde sont deux facettes d’une même histoire, c’est commencer à refuser leur guerre intérieure. Dans Programme Se Retrouver, je propose un accompagnement pour apprivoiser cette dualité :

  • Accueillir la part Jekyll, désireuse de sobriété et de clarté, en lui redonnant la parole et la confiance.
  • Accueillir la part Hyde, porteuse de souffrance, en la libérant du mensonge et de la honte qu’elle porte.
  • Créer un espace de parole fraternelle, où chacun peut témoigner de ses épisodes de défaillance sans crainte d’être jugé.
  • Reconstituer le lien entre ces deux visages pour qu’ils cessent de se combattre, et cheminer vers une identité unifiée, débarrassée de la contrainte alcoolique.

En dépassant la métaphore, l’objectif n’est pas d’effacer la part sombre, mais de l’intégrer sainement, pour qu’elle cesse de détruire et qu’elle puisse, à terme, nourrir la force intérieure.

© 2025 — Nathalie Billemont, Thérapeute TCC
Programme Se Retrouver

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