Pourquoi la peur de l’abandon (et la jalousie) guide nos choix

Pourquoi la peur de l’abandon (et la jalousie) guide nos choixPourquoi la peur de l’abandon Crédit image : Big Stock

Ce qui se rejoue derrière nos attachements

Nous croyons souvent choisir nos relations de manière consciente. Pourtant, une grande partie de nos élans, de nos attirances, de nos fidélités affectives est marquée, parfois guidée, par une peur silencieuse : celle d’être abandonné·e.

Cette peur ne naît pas dans l’âge adulte. Elle prend racine bien plus tôt, dans ces moments où notre besoin fondamental de sécurité affective a été fragilisé. Cela peut être subtil : une absence émotionnelle, un parent indisponible, un sentiment d’insécurité chronique, une instabilité affective, un lien trop fusionnel ou trop distant.

Face à cela, nous avons développé des stratégies : s’accrocher, s’adapter, tout donner, contrôler… ou fuir avant d’être quitté·e. Et ces stratégies, devenues des réflexes, orientent nos choix sans que nous en soyons toujours conscients.

De manière inconsciente, nous sommes souvent attiré·es par des personnes qui réveillent en nous les blessures non résolues de l’enfance. Celles qui, à travers leur comportement, leur distance, leur ambivalence ou leur retrait, rejouent un scénario déjà connu. Pas pour nous faire du mal, mais parce que nous portons une attente silencieuse : celle de réparer ce qui n’a pas été reçu. C’est dans ce cadre que la relation amoureuse devient un théâtre d’activation émotionnelle très puissant.

La jalousie : un symptôme, pas un défaut

La jalousie est souvent décrite comme une faille de confiance ou une marque de possessivité. Mais elle est avant tout un symptôme : celui d’une blessure d’abandon encore ouverte.
Elle ne dit pas simplement “j’ai peur que tu partes”. Elle dit : “je ne suis pas sûr·e d’avoir une place dans ton monde”, “je ne sais pas si je peux exister sans me sentir en danger quand tu t’éloignes.”

Elle ne vient pas de l’autre. Elle vient du lien intérieur abîmé. D’un manque de sécurité affective. D’un soi encore fragile, qui n’a pas été suffisamment reconnu, soutenu, aimé dans sa continuité.

La jalousie, lorsqu’elle est vécue avec honte, devient une source de repli. Lorsqu’elle est niée, elle se transforme en contrôle ou en colère. Mais lorsqu’elle est écoutée, elle peut devenir une porte d’entrée vers la compréhension de notre blessure d’attachement.

Des choix relationnels dictés par la peur

Lorsqu’une peur de l’abandon est active, nous ne choisissons pas depuis notre liberté. Nous choisissons depuis notre manque.
Nous restons parfois dans des liens qui nous font souffrir, simplement parce que l’idée d’être seul·e est plus insupportable que celle d’être mal accompagné·e.
Nous pouvons aussi rejouer, sans le savoir, la même scène : attirer des personnes indisponibles, absentes, fuyantes, ou au contraire envahissantes, dans l’espoir inconscient de réparer une blessure ancienne par le lien actuel.

Et dans ces configurations, la jalousie agit comme un radar hyperactif, à la recherche du moindre signe de trahison, de désintérêt, d’abandon. Elle crée de la tension, de l’incompréhension, du conflit, là où il y a surtout un besoin de réassurance.

Ce n’est pas un caprice. C’est une souffrance. Et c’est aussi un appel.

“Plus j’ose m’exposer tel que je suis, plus j’ouvre la possibilité d’être aimé pour ce que je suis.”
— Carl Rogers

Retrouver un ancrage dans le lien

Guérir la peur de l’abandon ne signifie pas ne plus jamais ressentir d’insécurité. Cela signifie pouvoir la reconnaître sans s’y perdre, la nommer, et ne plus la laisser gouverner nos choix.

Dans l’accompagnement thérapeutique, nous travaillons à restaurer cette base intérieure : celle d’un attachement plus sécure, construit dans la reconnaissance, la sécurité émotionnelle, la différenciation.
Nous ne cherchons pas à faire disparaître la jalousie par la force, mais à entendre ce qu’elle exprime, ce qu’elle protège, ce qu’elle demande.

Le couple peut alors devenir un espace de conscience. Un lieu où chacun apprend à reconnaître ses blessures, à en parler, à créer de la sécurité mutuelle plutôt que de la répétition.
La relation ne guérit pas à elle seule. Mais elle peut révéler ce qui a besoin d’être transformé, si elle est abordée comme un chemin d’engagement envers soi autant qu’envers l’autre.

Le programme Se Retrouver offre un espace pour déposer ces peurs anciennes, comprendre les schémas qui se répètent, remettre du sens là où les émotions débordent.
Il ne s’agit pas d’apprendre à aimer “mieux”, mais à aimer depuis un lieu plus apaisé, plus libre, plus conscient.
Et peut-être, un jour, à pouvoir rester là, même quand l’autre s’éloigne sans se sentir effacé·e ou abandonné.e !

© Nathalie Billemont – 2025
Thérapeute TCC – Programme Se Retrouver

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